VANESA WALLET HARDI
ANNECY,FRANCE
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Programmation
L'EXPOSITIONCOLORBOXES
Vanesa Wallet HardiVernissage le mercredi 17 janvier à 18h30
Exposition du 17 janvier au 10 mars 2018
Morceaux d'harmonie
Vanesa Wallet Hardi ne
choisit pas ses couleurs, elle les vit. Ou plutôt, elle se laisse
absorber par elles. « Quand je peins, je suis là-bas. De l'autre côté.
Dans un autre monde, dans une autre dimension », dit-elle en faisant
chanter les « r » de son français encore hésitant. « J'appose plusieurs
couches de peintures différentes à l'aide d'une spatule. Je ne compte
pas : il peut y en avoir vingt comme seulement trois ou quatre. Je
recherche la bonne couleur, souvent de façon automatique. À un moment
donné, elle émerge, et l'oeuvre est terminée. » La joie de l'artiste est
alors sans fin... mais de courte durée. Et le processus de se répéter
car il lui faut reprendre sa quête de vérité, inlassablement.
Obstinément. Reporter de nouveau l'énergie qui l'anime sur la toile, le
métal, le Plexiglas ou encore le bois, pour la restituer mieux encore.
Par le geste, accumuler les couches, les griffant ou les entachant au
passage, pour que, tout au fond, transparaisse la vie. Sa vie, réduite à
sa juste couleur.Serait-ce parce que son monde s'est un jour
écroulé que Vanesa souhaite tant approcher l'harmonie ? Quand elle naît
en 1971 à Vrbas, dans la province de Voïvodine, la Yougoslavie est
encore une république fédérale socialiste. Ses grands-parents sont
originaires de Ruski Krstur, un hameau fondé au milieu du XVIIIe siècle
par d'anciennes populations slaves, les Ruthènes. Chez elle, on parle
ruthène, une langue proche de l'ukrainien, et on fréquente l'église
gréco-catholique du village. Elle va grandir à une centaine de
kilomètres de là, à Kovacica, une ville à majorité slovaque, où ses
parents ont élu domicile. Entre sa Voïvodine natale et la Croatie, une
des républiques fédérées où la famille passe tous ses étés au bord de la
mer Adriatique, la petite Vanesa est loin d'imaginer que sa vie va être
chahutée par les remous de l'Histoire.Depuis toujours, elle le sait, elle sera
peintre, comme sa mère : « J'ai commencé par imiter son style figuratif
et, un jour, je me suis mise à dessiner des lignes, des formes
abstraites... » À 14 ans, elle intègre l'École d'art de Belgrade, puis, à
19 ans, l'Académie des beaux-arts de Bratislava, où elle a obtenu une
bourse. C'est là qu'elle expérimente ses premiers monochromes. Elle
travaille les pigments avec les mains, principalement du noir. Le noir
de ses toiles fait-il écho à la noirceur des conflits qui ont éclaté,
fin juin 1991, en Yougoslavie, un an après son arrivée en Slovaquie ?Parallèlement, elle suit, à Vienne, les cours
d'un artiste autrichien, Günter Damisch, qui peint de grands tableaux
aux couleurs intenses. Au passage, elle apprend l'allemand. Une fois son
diplôme en poche, elle part pour Prague, tandis que son pays continue
de se déchirer entre ethnies. Elle y rencontre son futur mari, Jérôme,
un Français installé en Tchéquie. De leur union, naissent deux filles. À
la maison, ils parlent tchèque. Pendant treize ans, ils habitent dans
une jolie villa de la banlieue praguoise, avec un jardin où rôdent leurs
trois chats. La peintre a fait sien l'art du monochrome. Des teintes
plus lumineuses ont remplacé le noir de ses débuts.La famille vit aujourd'hui au milieu des
bois, près d'Annecy. Bien sûr, les chats ont fait partie du
déménagement. Vanesa s'est mise au français : elle n'est plus à une
langue près. Elle a installé son atelier sous les combles de sa nouvelle
demeure. Les couleurs vives de ses tableaux s'y bousculent dans un
joyeux désordre. Du bleu, du vert, de l'orange, du violet, du jaune, du
rose... Des carrés ou des rectangles, sans cadres, comme autant de
bonbons acidulés. Sur leurs tranches, on devine l'épaisseur des couches
que l'artiste a consciencieusement appliquées.Lorsqu'elle expose, Vanesa détermine très
précisément les combinaisons qui vont permettre aux couleurs de
dialoguer dans l'espace, de les connecter entre elles : « Lors d'un
accrochage, je dispose les toiles de différents formats dans un ordre
clair, mon ordre, afin de créer un équilibre et de faire en sorte que
l'énergie circule "correctement" entre les tableaux et l'espace. Parfois
au centimètre près. Telle couleur associée à telle autre prendra
d'autant plus d'intensité. J'appelle cela l'intuitivité du processus. »
Un jeu dynamique auquel elle espère bien que le spectateur se prêtera...Qui est-elle, aujourd'hui, Vanesa Wallet
Hardi, à qui la guerre a fait perdre son identité ? Si vous lui posez la
question, elle répondra qu'elle est 100 % slave. Et européenne. Dans
ses yeux, d'un bleu aussi profond que ceux qu'elle laisse sourdre de sa
mémoire enfouie, flottent encore la douceur de l'enfance et le souvenir
du pays perdu. Et l'espoir de trouver, un jour, la bonne nuance, la
bonne forme, les bonnes proportions dans cette constellation de couleurs
peuplant son imaginaire. Sa quête de l'harmonie sera-t-elle alors
assouvie ?
Anne Lord
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